Avant de commencer votre lecture, sachez que si vous n’avez pas encore joué aux expériences que nous proposons à L’Antre, Escape Game d’horreur, vous risquez de menus spoilers du contenu des jeux, même si l’essentiel du jeu restera une surprise.
Contrairement à nos confrères et consœurs aux thèmes plus abordables, l’escape game d’horreur est plutôt clivant : on aime ou on n’aime pas. C’est peut-être pourquoi à Nantes, l’offre d’escape game d’horreur est encore faible. Et si l’on en croit les joueurs qui parcourent parfois des centaines de kilomètres pour venir à notre rencontre (mention spéciale au groupe de Brestois qui a fait le déplacement pour nous, c’est vrai que c’est un peu plus loin que Saint-Sébastien ou Saint-Herblain !), c’est la région même qui est encore avare en expérience horrifique.
On comprend tout à fait nos collègues qui préfèrent ne pas tremper leurs orteils dans les questions de peur et ne pas risquer les crises de panique de leurs joueurs et joueuses. Horreur et escape game ont beau faire bon ménage, le dosage entre énigmes et instant de terreur ou de surprise demande une attention de tous les instants.
Le premier problème ? Chaque personne est unique et a son ressenti et sa sensibilité. Là où un joueur pourra être tétanisé par un mécanisme qui l’a pris au dépourvu et demander à abandonner (10% de nos joueurs sur le Sacrifice abandonnent le jeu par peur), certaines personnes seront complètement hermétiques et riront de bon cœur devant nos tentatives insistantes de les faire sursauter. Oui, il est possible de « pousser le curseur au maximum », mais le risque devient alors élevé que les joueurs se blessent physiquement, dans un mouvement malheureux ou une réaction trop vive.
Un game design équilibré entre ambiance et énigmes est donc primordial. Cet équilibre est déjà capital dans les salles d’escape game plus « classiques », et encore plus dans les enseignes d’horreur pour obtenir une expérience optimale. Dans le cas du Sacrifice, une part d’improvisation est possible pour adapter le jeu et le corser ou l’adoucir mais elle est néanmoins limitée. Cette marge de manœuvre est un peu plus accessible pour la Fête Foraine, ce qui explique que l’expérience ne soit pas déconseillée aux personnes cardiaques. Dans tous les cas, adapter le jeu repose sur les épaules des game master (les personnes qui animent votre jeu).
Autre difficulté pour le game design : stress et réflexion font souvent mauvais ménage. Mais concentration et surprise vont très bien de pair. Mettons que l’équipe ait une énigme particulièrement épineuse à résoudre. Ses membres vont se concentrer et se creuser les méninges pour en venir à bout. Mais on ne peut pas être alerte et faire attention à son environnement et réfléchir intensément… C’est donc pendant cette phase de réflexion que l’élément de peur va surgir, en prenant à revers l’équipe qui avait baissé sa garde. Mais ce qui signifie probablement que le fil de la logique va se perdre en même temps que la concentration et donc empêcher le groupe de progresser.
Pour ne pas compliquer la tâche aux joueurs et joueuses, certaines enseignes d’horreur choisissent de se focaliser sur l’ambiance et la tension et de laisser davantage de côté les énigmes. Malheureusement pour vous, ce n’est pas notre façon de penser à L’Antre. Vous devrez à la fois faire preuve de vigilance et de réflexion, on ne sait jamais quand le danger guette…
Il y a en revanche un élément qui peut aider à choisir si le moment est aux énigmes ou au stress : le rythme de jeu. Petite astuce pour les adeptes des escape qui nous lisent : plus il se passe de temps sans que rien ne vous saute dessus, plus vous devez vous inquiétez ! Pour le Sacrifice, nous avons fait le choix d’un rythme progressif, qui commence assez calmement pour finir sur un pic intense. Le rythme se reflète à la fois dans la densité des énigmes : elles sont plus nombreuses au début pour diluer l’horreur, puis diminuent pour laisser plus de place à l’ambiance, mais aussi dans la décoration et l’architecture du jeu : vous passez de moins en moins de temps au même endroit, avec une décoration de plus en plus inquiétante et une ambiance sonore et lumineuse de plus en plus oppressante, au fur et à mesure que l’heure s’écoule.
Choix radicalement différent de celui de la fête foraine, dont l’ambiance est un peu plus constante, avec quelques pics de stress, mais qui explique que la plupart des personnes qui s’y risquent parviennent généralement au bout du jeu (non sans effort…). Le taux d’abandon du jeu y est effectivement plus marginal que pour le Sacrifice, un entre-deux parfait pour les personnes au cœur sensible, et tendre, et frais et goûteux… mais ne nous égarons pas.
Grâce à ce dosage, nous proposons donc, à L’Antre, une expérience qui conserve à la l’aspect plus traditionnel de l’escape game, avec une immersion renforcée. Si vous souhaitez comparer avec les autres enseignes et jeux d’horreur que vous avez expérimenté, on ne peut que vous recommander de tendre l’oreille et l’œil pour comprendre le dosage appliqué par nos confrères et consœurs. Car il est possible d’obtenir des recettes très différentes avec les mêmes ingrédients, après tout un poulet au piment ce n’est pas la même chose qu’un piment au poulet, métaphore hasardeuse, on vous l’accorde.